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Pour l’Ayurvéda, la grossesse est une étape des plus importantes dans la vie d’une Femme. La conception et la naissance de bébé marquent en effet le début d’une nouvelle histoire. Ces étapes sont les prémices d’une aventure dans un monde aux possibilités infinies : la vie. Le corps d’une femme enceinte devient alors un lieu sacré. C’est dans ce corps en métamorphose, que l’âme décide d’assumer une forme humaine. Aurélie Cros, praticienne en Ayurvéda appliquée à la maternité, a accepté de répondre à nos questions. Elle nous explique les changements extraordinaires de cette expérience intérieure qui dépasse les « simples » 9 mois de gestation. Rencontre.

 

1.      Aurélie, que dit l’Ayurvéda sur la grossesse ?

L’Ayurveda accorde une grande importance à la grossesse, symbole d’un nouveau cycle de réincarnation mettant en scène la loi karmique. La grossesse est la troisième étape de la vie d’une femme après les premières règles et le mariage. Selon l’Ayurveda la femme traverse différentes étapes au fil des semaines, chacune soutenue par l’énergie des 3 doshas, nos énergies vitales.

Chaque trimestre est symbolisé par une étape d’évolution.  Le 1er trimestre est l’incarnation de l’âme (jivatman), du corps causal, qui descend dans la matière au fil des semaines pour se fixer vers le 3ème mois (ce qui représente la fin des menaces de fausses couches). Le 2ème trimestre est l’incarnation de l’esprit, du corps astral, la conscience se développe, le bébé commence à recevoir les impulsions plus grossières de l’esprit qui lui permettent de bouger et communiquer avec sa mère (envies soudaines, pénétration dans les rêves). Le 3ème trimestre est l’incarnation du corps physique, le fœtus est plus solide, le métabolisme devient plus efficace.

Il y a une période important pendant le huitième mois où Ojas, l’énergie vitale d’immunité, est instable passant de la mère à l’enfant, de l’enfant à la mère. Il est déconseillé d’accoucher pendant cette période, au risque que la mère ou l’enfant est du mal à se remettre de l’accouchement selon qui avait Ojas à ce moment. La date d’accouchement est calculée selon les dates de dernières règles, aussi cela varie beaucoup d’un pays à l’autre. S’il y a une chose de sûre à ce sujet, c’est que le fœtus, lui, le sait, cela est inscrit dans son histoire dès sa conception, la position des planètes interfère beaucoup dans ce phénomène. Ce que je conseille souvent aux futures mamans qui s’impatientent à l’arrivée du terme, c’est de faire confiance en la vie .

 

2.      De quelle manière l’Ayurvéda peut accompagner la future maman ? 

L’Ayurveda accompagne la femme grâce à des méthodes naturelles afin de maintenir l’équilibre entre les missions délicates que chaque dosha se doit d’accomplir. Ces tâches prenant beaucoup d’énergie, il sera important que chaque femme se consacre un temps pour se régénérer. J’invite souvent la future maman à être plus consciente de cette force qui les tire vers l’intérieur, à l’écoute de ce corps en métamorphose mais aussi de ce petit être qui se développe. Pour cela elle pourra tirer les bénéfices de pratiques comme les massages ayurvédique et le yoga.

Ces deux pratiques ancestrales favorisent l’assouplissement des muscles et articulation pour palier aux tensions et blocages, canalisent l’énergie de Vata, l’énergie responsable du mouvement, et augmente la quantité et circulation de Rasa, la lymphe, qui est nécessaire pour une grossesse harmonieuse.  Le massage favorise la sécrétion d’hormones du bien-être et d’ocyticine, l’hormone de l’amour, de l’attachement. Il diminue aussi la sécrétion d’hormones du stress qui peuvent être nuisibles au développement du cerveau du fœtus.

Les différentes pratiques de yoga (asanas, mantra, pranayama, méditation) renforcent la pratique du massage pour maintenir cette communication subtile en le corps et l’esprit. Je les invite à se concentrer sur leurs sensations, visualiser le flot du prana, l’énergie vitale qui circule dans tout le corps, pour se concentrer dans l’utérus et l’inonder de cette lumière. Je ne commence jamais un massage sans cette partie de visualisation/respiration consciente.

Cet accompagnement avec le massage et la respiration consciente a permis de palier à divers problèmes que j’ai pu rencontrer auprès de mes patientes notamment lorsque le bébé est placé trop bas, le bassin est trop étroit, le bébé trop petit, mais aussi en cas de jambes lourdes, sciatiques ou instabilité émotionnelle.

La pratique du massage et du yoga pendant la grossesse visent bien sûr à préparer la femme à l’accouchement, tant physiquement que psychologiquement en développant sa confiance en elle et en son bébé. Le corps est alors plus résistant et la quantité de Ojas, de vitalité, est  plus grande.

Je les prépare beaucoup avec la thérapie des sons tout au long de la grossesse, et surtout des sons graves en fin de grossesse pour harmoniser et éveiller l’énergie dans le bassin, le périnée et le vagin. Je conseille aux futures mamans de pratiquer cela pendant le temps de travail, en complément de massage à l’huile de l’articulation sacro-iliaque, le ventre, bassin ou toute autre zone permettant de calmer Vata, qui a tendance  à se disperse avec les contractions.  Quand je le peux, je montre ces mouvements de massage au futur papa.

L’auto-massage du périnée avec l’huile de sésame ou le ghee, le beurre clarifié, est aussi essentiel quelques semaines avant l’accouchement pour préparer les tissus et éviter tout déchirure ou épisiotomie.

 

3.      Que se passe t-il physiquement et mentalement pendant cette période de transformation ?

La transformation que vit chaque femme enceinte sur le plan physique et émotionnel est vécue très différemment selon divers facteurs comme la connaissance qu’elle a d’elle-même (de son corps, de ses émotions), de son environnement (familial et professionnel), son entourage, son état de santé au moment de la conception (l’équilibre ou pas de ses doshas).

Je pense que chaque grossesse est liée à l’histoire de chaque femme : sa relation de couple, sa relation avec sa propre mère, sa naissance, grossesse désirée ou non, l’estime de soi, l’ancrage… Si ces différents points ne sont pas solides, cela peut rendre la femme encore plus vulnérable qu’elle ne l’est déjà pendant la grossesse, laissant libre court à des angoisses, peurs, colères, anxiété, tristesse, etc, selon sa constitution de naissance. La peur de l’accouchement peut être très présente.

Sur le plan physique, la femme enceinte peut être très tôt influencée par les fluctuations hormonales, qui jouent aussi sur son instabilité émotionnelle. Cela peut provoquer des nausées, parfois des vomissements et de la fatigue. Les autres symptômes sont des sensations de lourdeur dans le bas ventre, soif, salivation excessive, attirance pour la saveur aigre, pigmentation au niveau du mamelon et des lèvres, croissance des cheveux, aversion pour certains aliments et odeurs. Bien sûr chaque femme expérimentera ces symptômes à divers degrés.

Vers le 4ème mois tous les symptômes sont moins prononcés pour laisser place à plus de stabilité, mais davantage de fatigue. Le lien avec son bébé devient plus fort à mesure qu’il bouge davantage. Vers le 5ème et 6ème mois, l’utérus gagnant en volume, compresse l’estomac et le diaphragme, limitant les prises importantes d’aliments et la respiration. Cela disparaît vers le 8ème/9ème mois alors que le fœtus descend en appuyant sur le col de l’utérus, provoquant tiraillements de l’aine et pression sur la vessie, d’où l’envie d’uriner fréquemment.

Certaines femmes tissent un lien puissant très tôt avec leur bébé. Pour d’autres c’est moins évident et ça peut prendre plus de temps. L’Ayurveda apporte la foi en la Nature, l’Univers, qui permet de prendre conscience en ce miracle de la vie et faire confiance… car la Nature fait toujours bien les choses !

 

4.      De quelle manière cet accompagnement bénéficie au futur bébé ?

Le fœtus est stimulé dans son développement par le contact mécanique que crée le massage avec la peau, influençant le mouvement des muqueuses de l’utérus qui massent le bébé. La circulation du prana le nourrit et l’éveille, tout comme cette communication subtile que sa maman installe avec lui par la visualisation et la respiration consciente. Cela amorce cette relation de confiance et de complicité entre ces deux êtres qui se sont choisis.

Le bébé s’imprègne de l’ambiance qui règne dans l’utérus et plus largement dans les diverses enveloppes du corps, du plan physique au plus subtil. Il est influencé par les fluctuations hormonales qui peuvent être harmonisées par la pratique des massages et du yoga, notamment, comme cité précédemment, l’ocytocine.

Ces techniques visent à augmenter la qualité de Ojas, la réserve énergétique d’immunité, que la future mamans va transmettre à son enfant lors du 8ème mois.

 

5.      Quelle hygiène de vie et régime alimentaire l’Ayurvéda préconise pendant la grossesse ?

Il sera important de prêter attention à son feu digestif pendant toute sa grossesse afin de favoriser une bonne transformation et assimilation des nutriments qui seront bénéfiques au bon développement du fœtus. Cela se justifie aussi par une bonne quantité et qualité de rasa, le bol alimentaire, qui est le premier tissu directement issu de la digestion, et qui essentiel pour l’harmonie de la grossesse. Pour cela, il sera à privilégier des prises de repas étalées dans la journée : prendre plutôt 4-5 petits repas, plutôt que 3 repas principaux.

Il est conseillé aussi pour soutenir Agni, le feu digestif, de boire des tisanes d’épices douces (gingembre frais, fenouil, coriandre, cumin) tout au long de la journée, surtout en cas de digestion ou appétit faibles.

L’alimentation sera principalement broumhana, c’est-à-dire nourrissante, afin d’augmenter Prana et Ojas. On va alors conseiller : légumes de saison, céréales complètes (si la maman a une bonne digestion !), fruits de saison, légumineuses avec épices, oléagineux  (amandes, purée de sésame, noix) et les graines (courge, tournesol).

Les produits laitiers seront en petite dose. Bien que bénéfiques quand ils sont frais et bio, ils sont aussi lourds à digérer donc à consommer sans excès ! Il en sera de même pour les produits d’origine animale, formateurs de toxines. Le lait d’amande est le lait végétal à consommer de préférence, car le plus proche du lait animal. Eviter le lait de soja qui augmente trop Vata, par sa nature astringente.

L’alcool, le café ainsi que les saveurs piquantes, amer et acides seront à éviter totalement.

Le ghee et le miel seront consommés quotidiennement, pour la vitalité de l’enfant. Le miel local est aussi un bon adaptogène préparant l’enfant à l’environnement dans lequel il va naître.

Des plantes toniques, qu’on appelle rasayanas, peuvent être consommées comme shatavari, ashawagandha ou vacha. L’ortie piquante est très bien pour subvenir au manque de fer et minéraux, ainsi que la spiruline.  Pour les femmes végétariennes l’acide folique et la vitamine B12 seront essentiels en compléments.

Bien entendu, ces conseils ne peuvent remplacer l’avis d’un médecin ou consultant en Ayurveda/naturopathe !

En fin de grossesse, l’infusion de framboisier tonifie l’utérus et diminue l’impact des contractions.

Il est recommandé aux futures mamans de prendre davantage des bains et de se reposer. L’Ayurveda conseille pendant toute la grossesse d’éviter les émotions fortes, les conflits et les activités intenses et agressives. La lecture (livres spirituels ou romans calmes), le chant, les ballades dans la nature, les relations affectives, la musique douce, vibratoire… sont autant d’activités que la femme enceinte se doit de pratiquer seule ou avec son conjoint.

 

6.      Pour les futurs parents, y a t-il précisément une hygiène de vie particulière ou un régime alimentaire, qui favoriseraient la fécondation ?

En effet, la période de pré-conception est en Ayurveda comparée au paysan préparant sa terre pour la rendre fertile. L’utérus, les ovaires et spermatozoïde symbolisent cette terre. Nous pourrions reprendre cette citation : « fais de ton corps un temple pour que ton âme aie envie d’y rester », il serait de même pour que l’âme de ce futur petit être aie envie d’y rester et s’y épanouir !

Chez la femme, l’utérus devient akasha , c’est-à-dire l’espace contenant la vie. Il sera alors important de s’assurer que les cycles menstruels de la femme sont harmonieux, ce qui symbolise un bon système endocrinien et une bonne qualité d’ovules.

Chez l’homme cela se vérifiera par une bonne capacité de libido qui symbolisera une bonne fertilité. Pour harmoniser le système reproducteur féminin et masculin, il sera souvent nécessaire de commencer par une étape de détox des tissus. Le foie aura alors un rôle majeur car il est responsable de la digestion et du renouvellement des hormones.

La détox permet d’éliminer l’accumulation de ce qu’on appelle Ama, les toxines présentent dans l’organisme sous forme de nourriture mal digérée et qui se propagent dans les tissus au fil du temps. Pour l’Ayurvéda, Ama est en partie responsable des problèmes de fertilité.

Pour cela l’utilisation de triphala et d’aloe vera seront bénéfiques. Le triphala est une formule qui vise à purifier en douceur l’organisme, avec une affinité pour le côlon, dont il renforce les fonctions.

L’aloe vera a d’innombrables vertus, parmi lesquelles on trouvera le retour vers un équilibre dans la digestion et l’élimination des déchets, en nettoyant les tissus. Elle harmonise les cycles menstruels et est aussi un tonique utérin.

En parallèle, la nutrition aura une place très importante car elle influence la qualité des tissus mais aussi de l’esprit. Il sera conseillé une alimentation anti-ama, donc dépourvue de produits animaux, laitages, sucres, huiles, sels et oléagineux. Ceci, afin d’augmenter Agni, le pouvoir digestif, et d’éliminer Ama.

Cette phase de détox s’accompagne souvent d’une prise de conscience qui amène sur le chemin de l’éveil spirituel. De nombreux cas d’infertilité peuvent être dus à des blocages émotionnels ou avoir un lien karmique (résultat d’une action dans une vie antérieure). Dans ce cas, les massages ayurvédiques, le yoga, la pranathérapie ou d’autres voies comme le chamanisme, peuvent être bénéfiques. J’ai vu des situations où une femme tombait enceinte après avoir eu un déclic une prise de conscience, qui a facilité la conception.

Il est sera très important que le Prana circule librement. Parfois un couple n’arrive pas à concevoir car il y a une pression trop important dans le milieu professionnel par exemple, empêchant le Prana de circule correctement. Le simple fait de changer de boulot peut être un facteur déclencheur.

Après cette phase de nettoyage sur les plans énergétiques, alors il sera conseillé d’intégrer une alimentation plus riche, semblable à celle de la femme enceinte, afin d’augmenter la qualité et quantité de shoukra, les fluides reproducteurs. Des aliments comme le lait cru bio, le miel, le ghee, les graines (le shoukra de la plante) de sésame (en purée), courge …, les topinambours, okra, sont particulièrement efficaces.

Le couple pourra aussi consommer des plantes indiennes, aux vertus aphrodisiaques et rasayanas, comme l’ashwagandha, le shatavari, kapikkachu, bala, goskshura, hibiscus, lotus, ou occidentales comme cassis, sureau, sauge, angélique.

Enfin il sera essentiel d’avoir une harmonie dans le couple, s’apportant amour et respect mutuel, et de regarder dans la même direction !

Propos recueillis par Armanda Dos Santos

 

aurelie cros

 

Pour plus d’informations :

Aurelie CROS, consulte à l’Espace SATTVA, 7 rue Cardinal Mercie, 75009 Paris

http://www.tradition-ayurveda.fr/

 

 

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